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Noel O’Regan, “Asprilio Pacelli, Ludovico da Viadana and the Origins of the Roman Concerto Ecclesiastico,” Journal of Seventeenth-Century Music 6, no. 1 (2000): par. 4.3, https://sscm-jscm.org/v6/no1/oregan.html.
Copyright © Society for Seventeenth-Century Music.
ISSN: 1089-747X
2. Parmentier
3. Schenkman
4. Burman-Hall
1.1 Au lieu de consacrer leurs enregistrements à un seul compositeur, les trois clavecinistes ont choisi de donner un panorama varié de la musique du siècle de Louis XIV. Enregistré en 1985, le disque d'Edward Parmentier se présente comme une sélection originale, mais un peu arbitraire d'oeuvres des grands maîtres de ce répertoire (Louis Couperin, Chambonnières, d'Anglebert et Froberger à cause de ses séjours parisiens). En revanche, le disque du claveciniste Byron Schenkman, qui offre, à l'exception de d'Anglebert, les mêmes compositeurs qu'Edward Parmentier, s'inscrit dans une autre perspective. Il fonde son programme sur un choix de pièces extraites du manuscrit Bauyn, l'une des sources les plus importantes de la musique française pour clavier de cette période. Quant à Linda Burman-Hall, elle a dévolu son programme à deux compositeurs relativement tombés dans l'oubli, Jacques Hardel et Etienne Richard. Tout comme Byron Schenkman, elle a recours très souvent au manuscrit Bauyn, mais elle n'hésite pas à introduire les suites de ces deux compositeurs par des préludes non mesurés anonymes provenant du manuscrit Parville, autre source fondamentale pour ce répertoire. Ainsi, le choix de ces trois clavecinistes illustre le chemin parcouru par les interprètes dans leur approche de la musique de clavecin de cette période. En effet, les éditions critiques des pièces de Hardel et de Richard et la publication en fac-similé de plusieurs manuscrits offrent aux interprètes une possibilité extraordinaire de faire revivre cette musique délaissée qui ne dépare pas à côté des oeuvres de Louis Couperin ou de d'Anglebert.
2.1 Le disque d'Edward Parmentier s'ouvre par deux pièces de Froberger extraites des livres de 1656 (Toccata IV) et de 1649 (Canzon VI). Une suite en ut mineur du même compositeur, précédée d'une adaptation intéressante de l'unique prélude dans le même ton du luthiste Dufaut ainsi que le célèbre Tombeau de Blancrocher complètent ce portrait de l'organiste de l'empereur d'Autriche. Il faut déplorer que les pièces de Froberger retenues ici ne proviennent pas du manuscrit Bauyn, témoignage unique de la réception de ses oeuvres en France. En revanche, le choix de la suite en ré majeur de Louis Couperin qui regroupe l'ensemble des pièces connues dans cette tonalité est tout-à-fait judicieux, car elles sont rarement enregistrées. Après un remarquable prélude de vaste proportion, suit une allemande comportant dans le manuscrit Bauyn l'indication qu'elle doit être jouée "fort lentement" ; ceci évoque les commentaires que Froberger mettait au début de certaines de ses pièces. La sarabande est annoncée avec un double qui, à ma connaissance, n'existe dans aucune source. Il s'agit en fait d'une reprise ornée de l'invention du claveciniste, pratique tout-à-fait conforme à ce que nous savons des usages de la musique française de cette période, et qui, malgré quelques accents plus proches de d'Anglebert que de Louis Couperin, est réalisée avec conviction. La suite se termine par l'une des deux gaillardes que Louis Couperin ait écrite et par une magnifique chaconne. Les trois pièces de Chambonnières se composent d'un rondeau, d'une chaconne assez peu connue ainsi que d'une "brusque" (une gigue). Quant aux trois pièces de d'Anglebert, elles sont extraites du livre de 1689 et permettent à la fois d'entendre le talent de ce compositeur dans l'art de préluder, dans celui de la transcription avec la passacaille d'Armide (orthographiée à l'italienne passacaglia sans raison aucune dans le disque) et dans celui de l'hommage à son maître, le Tombeau de Mr de Chambonnières. L'interprétation d'Edward Parmentier est souvent convaincante et passionnée, malgré quelques lourdeurs. Le choix d'un clavecin flamand (par Keith Hill, 1984 d'après Joannes Couchet, 1640) donne une lisibilité parfaite à la subtilité polyphonique de ces pièces. Il est à regretter que le texte d'introduction soit si pauvre et qu'il contienne des erreurs grossières comme "Louis Couperin was granted the post of Saint-Germain-des-Pres [sic for Saint-Gervais]"!
3.1 Donner une idée de la richesse du manuscrit Bauyn en un disque est presqu'une gageure. Cette source remarquable rassemble 350 pièces, majoritairement écrite pour le clavecin et se divise en trois sections, la première entièrement consacrée à Chambonnières, la deuxième, à Louis Couperin et la troisième à différents compositeurs comme, par exemple, Froberger, Hardel ou Richard. Ainsi le claveciniste Byron Schenkman a interprété à la fois des pièces de Chambonnières (4 en tout), de Froberger (5), de Hardel (4), de Du Mont (1). Mais il a nettement privilégié les pièces de Louis Couperin (17 pièces sur 31). Les pièces sont regroupées par tonalité (au maximum cinq d'un même compositeur), mais de façon assez originale. Comme le copiste du manuscrit Bauyn qui agence en général les pièces de Chambonnières et de Louis Couperin par tonalité (do, ré, mi, fa, sol) et par genre (toutes les allemandes en ut, les courantes en ut puis les sarabandes en ut, etc.), le claveciniste a sélectionné les pièces d'une même tonalité, sans toutefois s'assujettir à l'ordre traditionnel (allemande, courante, sarabande, gigue). Avant que ne s'impose ce schéma classique durant la deuxième moitié du XVIIe siècle (seules les pièces de Hardel dans le manuscrit Bauyn le suivent), on ignore s'il existait une façon conventionnelle de jouer les pièces de clavecin. Ainsi, Byron Schenkman présente-t-il une série de pièces en fa majeur de Louis Couperin sans allemande, ni sarabande (prélude, deux courantes, Branle de Basque, Tombeau de Mr de Blancrocher). D'autre part, il encadre judicieusement les pièces de danse en sol mineur de Froberger par deux pièces de la même tonalité de Louis Couperin (un prélude pour commencer et une passacaille pour terminer ; cette pratique qui consiste à mélanger les pièces de plusieurs auteurs correspond également à ce que l'on trouve dans certains manuscrits de cette période. L'instrument utilisé est une copie due à Kevin Fryer d'après un clavecin de Vaudry de 1681 d'une belle couleur sombre. L'excellente interprétation que Byron Schenkman donne de l'ensemble de ces pièces suit avec exactitude le texte du manuscrit Bauyn (par exemple l'alternance audacieuse ou erronée fa dièse, fa bécarre, fa dièse à la main gauche dans la reprise de l'Allemande de Hardel), tout en ajoutant lors des reprises une ornementation variée, selon l'usage. Cependant, il est dommage que les numéro de folio du manuscrit Bauyn ne soit pas indiqués dans la table des pièces, ce qui aurait permis à l'auditeur averti de pouvoir suivre sur le fac-similé (Genève, Minkoff, 19771998). Quant au texte d'introduction, bien qu'il soit plus exact que celui d'Edward Parmentier, il n'en demeure pas moins très indigent.
4.1 Quoiqu'intitulé Music for the Royal Pleasures, titre qui laisserait présager une anthologie, le disque de Linda Burman-Hall rassemble en fait les oeuvres complètes des clavecinistes Jacques Hardel (l'élève favori de Chambonnières) et Etienne Richard, qui furent tous deux au service de la famille d'Orléans. Se fondant sur le témoignage de Le Gallois, qui décrit dans sa Lettre... à Mademoiselle Regnault de Solier touchant la musique(note 1) les concerts de Hardel avec le mystérieux luthiste Porion devant Louis XIV, la claveciniste propose d'entendre l'unique suite d'Hardel avec des contreparties pour luth dues à Catherine Liddell. Cette réalisation surprenante au premier abord, se révèle tout-à-fait intéressante et démontre que le répertoire des pièces de clavecin n'est pas nécessairement soliste et qu'il s'accommode fort bien avec d'autres instruments. (A cet effet, l'auditeur pourra comparer cette version polyinstrumentale avec la version soliste de Byron Schenkman.) A côté de cette suite pour clavecin, figure aussi une courante pour luth en ut majeur de Hardel (provenant du manuscrit Saizenay) et dont il n'existe pas de version pour le clavecin. Il est dommage que la luthiste n'est pas interprétée la version pour luth de la courante en ré mineur de ce même manuscrit (Saizenay, I, p. 4) qui est anonyme dans le manuscrit, mais qui correspond en fait à la troisième courante pour clavecin de l'enregistrement. Ceci aurait permis d'entendre la même pièce au clavecin, puis au luth (Nous renvoyons à notre édition des Pièces de clavecin de Jacques Hardel,(note 2) qui est d'ailleurs omise dans la très sérieuse bibliographie de la pochette de disque).
4.2 Des trois suites de Richard, celle en ré est interprétée à l'orgue, à cause de la présence d'un magnifique prélude mesuré qui convient parfaitement à cet instrument. (note 3) Pour la suite en sol, Linda Burman-Hall a réalisé elle-même un double de l'allemande, idée inspirée par la présence d'un double probablement de d'Anglebert pour la sarabande de cette même suite. Une gigue termine l'ensemble de ces pièces qui soulève quelques problèmes d'interprétation ; écrite en mesure binaire, elle peut être également jouée en ternaire ainsi que l'a proposé Bruce Gustafson dans son édition des pièces pour clavier de Richard,(note 4) également omise dans la bibliographie. Malgré ces quelques omissions, la notice de Linda Burman-Hall, qui accompagne ce disque, est extrêmement détaillée et donne le détail des sources utilisées. Les qualités musicologiques de ce travail ne doivent pas faire oublier l'interprétation pleine d'imagination et de sensibilité de la claveciniste qui a su faire vivre cette musique dont il ne reste parfois que le squelette et lui donner de nouvelles couleurs sonores.
*Denis Herlin (denis.herlin@wanadoo.fr) is Researcher at the C.N.R.S. (Institut de recherche sur le patrimoine musical en France). His research interests include French harpsichord music and its sources, as well as the music of Rameau and Debussy. Return to beginning
1. Paris, 1680. Cf. David Fuller, "French Harpsichord Playing in the 17th CenturyAfter Le Gallois," Early Music, 4 (1976), 226. Return to text
2. Monaco: Editions de l'Oiseau-Lyre, 1991, 89. Return to text
3. L'Orgue est de Charles Fisk (1984) et se trouve à Stanford University. Le clavecin est de William Dowd d'après Michael Mietke. Return to text
4. New York: The Broude Trust, 1994. Return to text